Assurance emprunteur : les banques résistent à l'ouverture du marché

 

Crédit immobilier et assurance sont désormais déliés. Mais la lecture des garanties offertes n'est pas évidente. Les principales difficultés.

Un an après le vote de la loi Lagarde, la majorité des emprunteurs continue de s'assurer auprès des banques. Ces dernières ont réagi pour conserver leur quasi-monopole.

Le résultat est éloquent : selon une étude d'Ipsos pour la Macif, 60 % des emprunteurs ignorent qu'ils peuvent assurer leur crédit dans un établissement autre que celui où ils ont contracté leur prêt. Cette possibilité avait été introduite par la loi Lagarde de juill et 2010, qui interdit aux banques de refuser une assurance contractée à l'extérieur (dite de délégation) si les garanties présentées sont « équivalentes ». Pour autant, les emprunteurs continuent de privilégier les contrats groupe proposés par les banques qui appliquent les mêmes conditions d'assurance à tous les clients. Selon les chiffres 2010 de la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA), les banques trustent le marché avec 89 % des cotisations, contre 11 % pour les assurances déléguées.

Jusqu'à présent, « il n'y a pas eu de changement significatif car la loi Lagarde n'est pas opérationnelle. Elle pose le droit de choisir mais ne prévoit pas que l'emprunteur puisse se défendre dans la négociation avec la banque », indique Isabelle Tourniaire, du cabinet BAO. Selon l'UFC-Que Choisir, les chargés de clientèle des banques feraient aussi pression sur les clients préférant les contrats individuels, p rétextant ne pouvoir leur garantir le même taux du crédit ou refusant son octroi. « Les banques jouent sur le terme "équivalent" de la loi Lagarde et cherchent la garantie qui ne se retrouve pas dans le contrat individuel pour le refuser en arguant qu'il n'est pas équivalent au contrat groupe », précise Maxime Chipoy, chargé de mission banque-assurance de l'association.

 

« Ligne Maginot »

Cette dernière pratique peut entraver le développement des assureurs. Jean-Claude Jégou, directeur général d'AFI Esca, parle d'« une véritable ligne Maginot mise en place par les banques » sur les garanties. Christophe Clément, directeur du pôle assurance du courtier Meilleurtaux.com, est plus mesuré : « Les comportements dépendent d'un établissement à l'autre. Certains vont jouer sur des détails pour refuser la délégation, d'autres vont l'accepter dès qu'elle présente un critère qui ne figure pas dans leur contrat groupe. » BNP Paribas a créé dans cette perspective un outil pour aider ses conseillers de clientèle à comparer les garanties des contrats, explique Jean-Pierre Diaz, responsable des produits épargne et prévoyance France chez Cardif. Selon lui, si les contrats groupe restent autant pr isés, c'est principalement en raison de leur accessibilité.
La loi Lagarde a toutefois donné un élan aux contrats individuels. « Nous avons une hausse de 50 % des contrats en volumes et de 25 % en valeur sur la fin 2010 et le premier semestre 2011 », indique Joël Farré, directeur général de MetLife France. Et la marge de progression reste encore élevée. « Si on arrive à 20 % de contrats individuels, ce sera magnifique mais on ne s'attend pas à un renversement du marché », affirme Frédéric Suranyi, directeur du développement de la Mutuelle du Logement (Mutlog).

J. M.

Assurance emprunteur : les banques résistent à l'ouverture du marché Un an après le vote de la loi Lagarde, la majorité des emprunteurs continue de s'assurer auprès des banques. Ces dernières ont réagi pour conserver leur quasi-monopole.

 

PUBLICATION CCSF ASSURANCE EMPRUNTEUR 11/2020 :
Bilan de l’assurance emprunteur :
10 ans après la Loi Lagarde
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Les contrats bancaires au regard des critères du CCSF